
Le chancelier allemand Friedrich Merz dans une BMW IX3 lors de l'ouverture du Salon international de l'automobile IAA, le 9 septembre 2025 à Munich, dans le sud de l'Allemagne ( AFP / Tobias SCHWARZ )
Le chancelier allemand Friedrich Merz a affirmé jeudi qu'il fera "tout" pour lever l'interdiction de la vente des voitures thermiques neuves au sein de l'Union européenne en 2035, afin de soutenir son industrie automobile en crise.
"Il ne doit pas y avoir de coupure brutale en 2035", a martelé le dirigeant conservateur à l'issue d'une réunion à Berlin avec les industriels et syndicats du secteur ainsi que des responsables politiques et gouvernementaux.
Cette date butoir décidée par l'Union européenne, que les constructeurs allemands ont fustigé à tour de rôle le mois dernier, était l'un des points clefs de la réunion.
M. Merz a toutefois insisté sur le fait que la mobilité électrique demeure "la voie principale" à suivre.
Il ne s'agit pas selon lui de "revenir aux anciennes technologies", mais d'"avancer avec l'électromobilité et d'autres formes de motorisations neutres pour le climat".
Ces questions seront abordées lors du Conseil européen à Bruxelles dans deux semaines.
Le chancelier entend y préconiser "une avancée technologique durable vers la neutralité climatique, mais sans fixer de date butoir que nous ne pouvons pas respecter, ce qui serait irréaliste".
Le ton montait ces dernières semaines dans le pays de Volkswagen, Mercedes et BMW, pour que les membres de la coalition définissent une position commune à plaider à Bruxelles, alors que les sociaux-démocrates du SPD tenaient à l'interdiction de 2035.
Le ministre des Finances, Lars Klingbeil, a finalement défendu à son tour l'usage de technologies telles que les prolongateurs d'autonomie et les voitures hybrides rechargeables, "signes de flexibilité".
- Prévisions "trop optimistes" -
Présent à la chancellerie jeudi, Oliver Blume, président du directoire de Volkswagen, premier constructeur européen, a reconnu que la montée en puissance de l'électromobilité prendra "plus de temps" que prévu", selon un communiqué.
"Toutes les prévisions politiques (sur le sujet) étaient trop optimistes", a-t-il ajouté.
Mercredi, l'association européenne du secteur, l'ACEA, a appelé l'UE à assouplir l'interdiction, en demandant notamment une exception pour les carburants alternatifs, comme les agrocarburants ou les carburants de synthèse.

Le PDG de Bosch, Stefan Hartung (g) et le chancelier allemand lors de l'ouverture du Salon international de l'automobile IAA à Munich, le 9 septembre 2025 dans le sud de l'Allemagne ( AFP / Tobias SCHWARZ )
Prolonger certains véhicules thermiques équipés de prolongateurs d'autonomie ou les hybrides rechargeables au delà de 2035 devrait permettre "d'assurer la compétitivité de notre industrie et des milliers d'emplois en Europe", a abondé Stefan Hartung, PDG de Bosch, le premier fournisseur automobile mondial.
En toile de fond, la crise profonde traversée par l'automobile allemande, avec des bénéfices en chute libre, des suppressions de postes et fermetures de sites.
Cela met régulièrement en lumière la fragilité du modèle économique allemand exportateur, longtemps porté par la demande mondiale et une énergie bon marché importée de Russie.
Entre le retard sur les modèles électriques chinois de qualité et meilleur marché et des infrastructures de recharge insuffisantes, la crise affecte les grands constructeurs, mais également des fournisseurs majeurs comme Bosch ou ZF, ainsi que tout le tissu de PME sous-traitantes qui forment l'ossature du secteur.
Celui-ci a perdu plus de 50.000 emplois en un an sur un total d'environ 800.000, selon EY.
L'automobile allemande souffre également du coût de l'énergie en hausse depuis l'invasion russe de l'Ukraine, d'une demande mondiale en baisse et plus récemment des droits de douane américains de 15% imposés sur les voitures européennes.
Les exportations allemandes ont de nouveau reculé en août, a indiqué jeudi l'office Destatis. Cette baisse a été alimentée par la chute des ventes vers les États-Unis, premier partenaire commercial du pays.
- Pas en arrière "fatal" -
Les partis alliés au gouvernement sont par ailleurs convenus d'une enveloppe de 3 milliards d'euros pour financer "la transition vers la mobilité neutre", ce dont devraient profiter les ménages à faibles et moyens revenus pour acquérir des véhicules électriques, a déclaré M. Merz dans la matinée.
Berlin veut également prolonger l'exonération de la taxe fiscale des véhicules électriques de cinq an, au-delà de 2026.

Vue aérienne de voitures de différentes marques prêtes à être exportées, dans un terminal logistique automobile à Essen, le 4 août 2025 dans l'ouest de l'Allemagne ( AFP / Ina FASSBENDER )
Du côté de l'opposition, les Verts allemands n'ont de cesse de souligner que la mobilité électrique est la technologie d'avenir et qu'une prolongation des moteurs thermiques ne fera que creuser le retard de l'Allemagne sur la Chine.
Le pas en arrière de Berlin sur la date butoir de 2035 serait "fatal" et "nuirait au climat, à l'industrie et à l'emploi", a déclaré jeudi Christoph Bautz, directeur général de l'ONG de gauche Campact, invitant la SPD à "ne pas céder".
D'après une étude du Centre de recherche automobile de Bochum (CAR) parue mercredi, l'écart entre le prix des voitures électriques et thermiques n'a jamais été aussi faible, rendant injustifiée toute remise en cause de l'interdiction des moteurs à combustion à partir de 2035, selon son directeur, Ferdinand Dudenhöffer.
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